jour I

le premier jour est une maison ouverte sur la page encore vierge de ton corps, et mon corps est un chiffre inconnu annoncé au miracle de ton corps encore blanc de mon corps, tu es mon amour et je te suis promis,

le premier jour tu n'avais pas de nom car tous les noms jamais ne suffiraient, tous les noms jamais ne seraient assez nombreux, toi encore vierge de la maison ouverte sur mon corps encore blanc de ton corps, le premier jour, tu n'avais pas de nom car tu étais la clef sans serrure de ta propre maison,

alors le premier jour, tu n'avais pas de serrure, pas de porte pour enfermer la maison sans mur de ton corps encore blanc de mon corps, tu n'avais pas de nom, pas de maison encore vierge sur mon corps encore blanc de ton nom, pas de porte où danser la nacre de tes yeux, où danser sur le seuil encore blanc du troupeau de tes dents, encore vierge de la clef sans maison, encore absent de mon corps quand il traverse ton corps,

alors le premier jour, tu danses sur le seuil encore blanc de ton nom au travers de mon corps où s'enroule la boucle de tes cheveux, où tes yeux ouvrent la maison encore vierge de serrure, car sans clef nous traversons la maison, nous, sans serrure et sans nom, traversons la porte sans clef, car le premier jour tu danses sur mon corps encore blanc de ton corps, le premier jour tu danses sur la clef d'une maison sans mur et sans porte,

alors le premier jour, j'écris ton corps sur le seuil encore blanc de mon corps, j'écris la maison où tu danses sur le nom de mon nom, j'écris le troupeau de tes dents, la nacre de tes yeux et la boucle de tes cheveux, le premier jour est plus que le vin versé sur la bouche encore vierge de nos corps, plus que ton corps où se bousculent mes mains, plus que les voyelles de ton nom encore blanc de mon corps,

alors le premier jour est une maison, quatre murs où se cogne le troupeau de tes dents, où se bousculent tes mains, une maison pour y traverser ton corps qui est le nom de toutes les clefs, et je vais écrire la page encore vierge de mon corps, je vais écrire le monde tout entier au travers de ton nom, tout entier, le premier jour, je vais écrire ton corps qui est le premier jour,

alors le premier jour est une maison, quatre murs où j'écris ton corps encore vierge de mon nom, où tes yeux prolongent les voyelles de mon corps, une maison, quatre murs encore blancs de fenêtres et de portes, le premier jour, je traverse ton corps avec mon corps qui traverse ton nom, le premier jour, je traverse le mur encore vierge de tes yeux sans serrure, je traverse la maison de ton nom,

alors le premier jour est une maison, quatre murs et deux portes, ton corps encore blanc de mon nom danse sur le seuil à jamais ouvert sur mon corps, ton nom encore vierge de mon corps danse dans la clef sans serrure, le premier jour, une maison danse sur nos corps, danse sur le vin, danse sur la danse

alors le premier jour est une maison, quatre murs, deux portes, et je vais te donner un nom avec les voyelles secrètes de mon corps, un nom pour y danser le désordre de tes yeux, un nom pour y danser la boucle de tes cheveux, car ton nom est plus que le vin et je vais l'écrire avec les voyelles encore vierges de ton corps,

le premier jour est une maison, quatre murs, deux portes et une fenêtre de bruits et de fureur, la boucle de tes cheveux fait une averse d'or et de nacre, tes yeux un enclos autour de ton ombre et quand la porte battante de ta bouche n'aura plus de serrure, je serai la clef de ta parole,


jour II

le deuxième jour, j'ai posé un miroir sur la chaise où tu t'asseyais et sur le miroir j'écrivais ce poème d'amour, quand le poème était fini, je cassais le miroir, quand le miroir était cassé, je ramassais tous les bouts du poème pour écrire un autre miroir où tu t'asseyais

le deuxième jour, j'écrivais sur ton corps le seuil d'une maison sans porte, j'écrivais sur ton corps une fenêtre sans battant et sans vitre, j'écrivais une fenêtre pleine de buée, j'écrivais le deuxième jour grand ouvert sur les fenêtres de ton corps

le deuxième jour, j'ai imaginé le souvenir d'une autre maison à l'intérieur de la maison, d'une autre fenêtre à travers la vitre, une maison où tu t'asseyais au bord du seuil grand ouvert de ton corps


jour III

toi qui n'es que miroir, va-t'en ! va-t'en !, on n'assassine pas le silence

comme on n'enfante pas le temps, va-t'en ! et ne me cherche plus

le troisième jour,

j'ai soufflé sur la lumière et j'ai brisé toutes les lampes, j'ai voulu un miracle de retour et des incendies sur les eaux des miroirs, une pluie de cendres et de pierres, une terre démontée et les restes d'un orage dans la poitrine, une immense vague où étouffer les heures d'attente

le troisième jour, j'ai pris la fuite, j'ai couvert du terrain, j'ai tracé des frontières, je me suis divisé, j'ai cherché à taire une moitié de moi-même, et une moitié seulement a regardé l'horloge, seulement une moitié pour atteindre l'étoile

puis il est déjà midi, on entend quelques bruits dans la pièce d'à-côté, c'est la folie à sa table, elle joue aux dés et ne tire que des trois

c'est aujourd'hui midi et c'est un cheval qui court sur le feu des ombres, c'est une flèche qui ne se connait pas de cible, une steppe à l'infini et une image qui me traque,

c'est le réveil face au peloton d'exécution, avec un rêve à fusiller, avec du sang sur les mains,

– si seulement c'était toi !

si c'était toi,

si toi tu savais qu'il est midi sur le seuil,

comme une clef s'en va faire diversion

un mur sur quatre se renverse,

la porte et la fenêtre entame un dialogue de sourd,

la chambre n'a plus de nom ni de serrure

à midi, le troisième jour,

j'ai accroché une grande croix dans le ciel, un signe d'évidence et un désert de parole

toi qui n'as plus de visage, va-t'en ! va-t'en !, on n'abat pas le silence

comme on ne crucifie pas le temps, va-t'en ! et ne me cherche plus

le jour d'après, un mât dans la poitrine, j'ai creusé un puits, un puits à sec où noyer le souvenir, un trou pour s'y cacher,

j'ai creusé la terre de mes ongles, mes ongles pleins de terre, j'ai creusé un trou où faire danser les petites filles de ma mémoire,

et j'ai incendié cette voix qui me déchirait la tête et j'étais encore le gardien d'une maison ouverte à tous les vents, j'avais chaud, j'avais froid, j'étais torpeur et j'étais exténué d'entendre ce corps entre chien et loup,

fatigué de courir en train, à pied ou même à reculons, fatigué de la tragédie, de tous les express et de l'électricité,

usé par ces villes sans lumière où suivre à la trace la fureur, même absente, même tue,

usé de colère, même sourde, même froide

le jour d'après, une église s'est effondrée sous mes pieds, j'ai convoqué un dieu auprès duquel déchirer ce poème en secret et j'ai donné ma bouche à d'autres bouches et d'autres bouches encore,

le jour d'après,

quelques poussières dans les mains, et là-bas, en face, une longue nuit incertaine

toi qui as mangé ta poitrine, va-t'en ! va-t'en !, on n'endort pas le silence

comme on ne ressuscite pas le temps, va-t'en ! et ne me cherche plus

la nuit, la troisième nuit,

j'ai fait ce rêve où toutes les bouches se refusaient,

c'était la guerre et des colonnes de miroirs prenaient la route,

on construisait des carrières à ciel ouvert, des labyrinthes de couteaux, des tranchées tout au long du soleil,

c'était le grand siècle de l'image, on avait condamné le feu à perpétuité, la ville était couverte de costumes gris, une armée de masques se dressait sur la porte, toutes les fenêtres portaient leurs barreaux sur le dos,

trois lunes se battaient en duel, une foule hurlait à la mort et les chacals attendaient leur heure quand un coup de canon retentit, et toi, et toi,

– si c'était toi ! si seulement c'était toi !

si c'était toi et si tu le savais, la troisième nuit, j'ai fait un rêve de briques et de fleuves, trois fleuves qui me suivaient, trois fois le chiffre trois y fut le reflet de la grande croix dans les eaux, et j'étais déjà douze plus un,

et j'étais en retard, et j'étais l'adoration, le salut des justes ou un été sans sommeil, j'étais désert, j'étais esclave et je marchais à l'aveugle vers quelque terre à conquérir,

j'étais nomade et fugitif, ce train et ce cheval en furie, le temps qui passe et une saison de regrets, j'étais le repentir et la consolation, la main perforée et un mur de lamentations,

si toi tu savais, la troisième nuit, c'est enfin une femme comme un oiseau échappé du ventre, une femme sans bouche et sans visage et je ne me pardonne toujours pas,

la troisième nuit,

c'est une femme, je lui ai donné un nom dont elle n'a pas voulu, elle était fleur, elle était eau, elle était le reflet de son corps sur son propre nom,

toi qui me cherches, va-t'en ! va-t'en !, on ne brûle pas le silence

comme on n'efface pas le temps, va-t'en ! et ne te retourne pas


jour IV

trois jours de plus reclus dans la maison, trois jours à tutoyer le mur, à l'ombre de la mémoire, trois jours nerveux, et j'ai encore envie de toucher ta peau, et le monde entier se dresse à notre gauche, il ne savait pas que tu avais incendié mes mains, le monde entier ne savait rien de la terrible peur de t'aimer ; trois jours où j'ai gardé pour moi le secret de mon égoïsme, et tout ce repos pour la tête, toutes ces heures à dessiner ton corps dans l'espace vierge de la maison, à dessiner ton corps sur mon corps, à oublier ta bouche et peut-être même la couleur de ta voix, toutes ces heures à penser que je ne devrais pas penser, plus penser, plus chercher à penser, et après, après toutes ces heures devant la table, vide, une tasse de café sans café, j'ai pensé qu'il était abominable de penser encore à toi qui peut-être ne penses déjà plus à moi, c'est abominable de continuer à penser quand on a plus la tête, quand on a plus rien à quoi penser

le quatrième jour, je voulais parler, le quatrième jour, je voulais parler à ton corps, je voulais parler à ton corps qui danse, parler à ton corps qui danse sur le seuil de ma bouche pleine de plâtre, et c'est une horreur, la bouche, quand elle se dédit, la bouche, quand elle fait le compte, dans la tête, des paroles que l'on a pas dit, pas oser dire, pas penser à dire, après, après, j'étais toi et j'avais encore horreur de ce que j'étais devenu

trois jours de plus reclus à l'ombre de la maison, trois jours nerveux, et j'ai encore envie de toucher ta bouche ; trois jours et tu ne savais pas que tu avais incendié mes mains, tu ne savais rien du monde entier qui ne savait rien de la terrible peur de t'aimer ; trois jours où j'ai gardé pour moi toutes ces heures à dessiner ton corps, et tout ce repos pour la maison vierge de ta bouche, et peut-être même de la couleur de ta voix, trois jours à dessiner ton corps sur mon corps, à oublier ces heures à penser que je cherche à penser, et après, après toutes ces heures devant la table, vide, j'ai pensé à une tasse de café sans café, j'ai pensé qu'il était abominable de ne pas penser, plus penser, plus chercher à penser, c'est abominable de penser à continuer à penser quand on a plus la tête, quand on a plus rien sinon à quoi penser

le quatrième jour, je voulais parler, le quatrième jour, je voulais parler à ton corps, je voulais parler à ton corps qui danse, parler à ton corps qui danse sur le seuil de ma bouche pleine de plâtre, et c'est une horreur, la bouche, quand elle se dédit, la bouche, quand elle fait le compte, dans la bouche, des paroles que l'on a pas dit, pas oser dire, pas penser à dire, après, après, j'étais toi et j'avais encore horreur de ce que j'étais devenu

trois jours de plus reclus dans mon corps, trois jours à tutoyer le monde entier à l'ombre de la mémoire, trois jours nerveux, et j'ai encore envie de toucher le secret de mon égoïsme, le monde entier a incendié mes mains et il ne savait rien de la terrible peur de t'aimer ; trois jours à dessiner ton corps sur mon corps, à oublier le repos pour la tête, et peut-être même la maison vierge de la couleur de ta voix, toutes ces heures à penser à l'ombre de la mémoire qui se dresse à notre gauche, et après ne pas penser, plus penser, plus chercher à penser toutes ces heures devant la tasse de café sans café, c'est abominable toutes ces heures devant la table vide de ta bouche sur ma bouche quand on a plus la tête, quand on a plus rien à dire,

le quatrième jour, je voulais parler, le quatrième jour, je voulais parler à ta bouche, je voulais parler à ta bouche qui danse, parler à ta bouche qui danse sur le seuil de ma bouche pleine de plâtre, et c'est une horreur, le corps, quand il se dédit, le corps, quand il fait le compte, dans la tête, des paroles que l'on a pas dit, pas oser dire, pas penser à dire, après, après, j'étais toi et j'avais encore horreur de ce que j'étais devenu

trois jours de plus reclus dans le mur, trois jours à tutoyer la maison, trois jours nerveux, et tout ce repos pour la tête, toutes ces heures à dessiner ta peau et j'ai encore envie de toucher ton corps sur mon corps ; trois jours où j'ai gardé pour moi le secret de ta bouche et peut-être même la couleur de ta voix, toutes ces heures où le monde entier se dresse à notre gauche, et tout ce repos pour la tête, toutes ces heures se dressent à notre gauche vierge de la maison, et après, après, je ne devrais pas penser, plus penser, plus chercher à penser devant la tasse de café, vide, j'ai pensé à une table sans table, j'ai même pensé qu'il était abominable de penser, encore, de penser à toi qui sans doute ne penses déjà plus à moi,

le quatrième jour, je voulais parler, le quatrième jour, je voulais parler à ton corps, je voulais parler à ton corps qui danse, parler à ton corps qui danse sur le seuil de ma bouche pleine de plâtre, et c'est une horreur, la bouche, quand elle se dédit, la bouche, quand elle fait le compte, dans la tête, des paroles que l'on a pas dit, pas oser dire, pas penser à dire, le quatrième jour, c'était la nuit


jour V

quand ton corps était le carré de ton nom, le cinquième jour, tu étais sept fois trois moins les neufs royaumes du ciel coupé en deux,

soudain, toute la mathématique du silence battait la mesure,

soudain, le cinquième jour, j'ai oublié la mythologie de ton corps


jour VI

au bout de six jours, tu danses encore

car tu es morte sous les coups du quotidien,

car, même morte, tu enfantes le monde entier,

car même morte, tremble encore la boucle de tes cheveux,

et quand une musique barbare danse au creux de tes mains,

quand tes bras sont les branches où danse un oiseau

qui chante encore sur le puits mis à l’envers de ton propre corps,

tu danses encore,

toi, qui es plus que le vin, qui es le signe évident du verbe être moins le verbe avoir,

tu danses, encore,

car tu es l’eau qui enjambe le pont

et tout ce vertige pour le corps

quand il chute en lui-même

alors au bout de six jours, j’ai peur de te perdre à jamais,

car te perdre, c’est toujours écrire que tu te dresses

sur la pointe des souvenirs éteints,

et quand tu encercles la nuit aux abois,

quand le soleil est aux aguets,

quand l’aube s’apprête à sortir de la caverne,

toi, même morte,

tu danses sur le seuil,

car une montagne s’est isolée au centre de la maison,

et quand le désir est enchainé à la boucle de tes cheveux

quand tu te lèves parmi les délices sur tes lèvres,

tu es la bouche obscure du soleil plus chaud que le soir où tu dansais

alors, au bout de six jours, tu danses dans le noir,

comme un affront, comme un rire occulté à la face d’un monde inutile,

comme une déchirure sous les pieds d’une maison délabrée,

tu danses sur le toit, encore, d’un miroir

enfoui dans la brèche de ton propre corps

qui danse, encore, comme pour effacer

cette mort qui soudain se met à danser sur ta danse

alors au bout de six jours, tu danses encore,

tu te dresses sur ce monde perdu à jamais

et agites les trois premiers côtés de la nuit,

entre les étoiles percées de ta danse

car, sur le seuil, s’est brisé l’angle de tes yeux,

alors tu danses autour

et récites l’impatience, l’esquive et l'oblique

car, sur la ligne inversée de ta danse,

un triangle s’est ouvert, car,

demain,

un jour plus féroce viendra rompre le sacre de ton corps,

alors tu danses sur le seuil, tu danses sur la danse,

car, demain,

le monde entier viendra rompre la folie et la mort,

alors tu danses encore,

au bord de toi-même et aux côtés de la nuit,

alors au bout de six jours,

j'écris toujours que tu dors et le grand lit du monde est défait,

car ce monde tout entier est le drap souillé d'un corps assassiné,

et au bout de six jours, le sixième jour, tu as fusillé ta propre danse

pour tracer un chemin où tes fantômes s’effacent dans les lampes,

car sur le seuil, il y a la danse des mille cadavres d’un espoir brisé

et le silence qui déborde, encore

au bout de six jours, tu danses encore

car quand tu danses, je crois que la vie est une étoile absolue,

un aveugle qui marche sur la pointe de tes yeux

au bout de six jours, tu danses l’amour, la folie et la mort


jour VII

au septième jour, tu es venue enveloppée du soleil et nous sommes allés enterrer le livre de ta prophétie, une immense procession dans la nuit invisible de ta naissance, ton nom posé sur un drap et sous tes paupières, tes yeux noirs où se balancent encore les perles de nacre de tes cheveux, toi, le septième jour, tu t’en vas, et sept fois, la corne de ta jeunesse au flanc de la nuit, si soudaine sur mon corps, la poitrine du monde au bord des lèvres, s’évanouie, la parole, sept fois donnée, reste au pied des montagnes et le soleil revient sans cesse sur ses pas, sept fois,

le septième jour, imaginer une issue plus favorable à la brutalité du quotidien quand il efface jusqu’au nom de notre amour, sept fois le septième jour, trahir la promesse d’un chemin sans retour, tourner autour de ce futur insoluble, et ne pouvoir y créer autre chose que l’envers d’un décors en ruine, le septième jour, sept fois, se dresser, gravir l’éventualité de ta disparition, aussi absurde que cela puisse paraitre, disparaître, sept fois, disparaître et s’enfuir des lieux que nous avions vécus, ou plus certainement, laisser derrière soi tous les souvenirs en chaque endroit encore parfois habités de ce présent qui nous échappe, le septième jour, sept fois, le septième jour, inventer la terre promise où creuser un trou pour y enfouir, en toute sécurité, chaque brisure de nos bonheurs étalés sur ce drap,

alors ce septième jour, une dernière fois dessiner une porte sur ta poitrine, y faire passer le monde entier, et traverser le ciel éteint sur ton visage, car au septième jour, révélation de ton corps, une dernière fois, et sept étoiles moribondes au creux de ta main,

au loin, sept fois, le chant silencieux d’une table vide, la chaise où tu t’asseyais à l’ombre de nos souvenirs confus, et je t’attends sur le seuil que j’ai construit avec les restes d’une maison sans issue, je parle encore avec les chaises dépareillées, le septième jour, je ne cesse de creuser ce trou pour qu’y repose l’ultime sourire de ton corps,

le septième jour, graver un nom, un nom nouveau, sur le drap où tu reposes, un nom que nul ne comprend sinon toi, puis effacer les portes et les fenêtres, effacer le possible d’une maison ouverte, et même cet autre nom que pour toi j’avais un jour inventé,

car au septième jour, il y a un chien à ta porte, il monte la garde du temps passé, alors le septième jour effacer ton visage et effacer ta voix, c’est bien mieux ainsi, c’est bien plus simple que de tout écrire sur les murs inertes d’une maison à l’agonie, alors le septième jour, t’effacer, effacer la beauté de ta voix et la douceur de ton visage, effacer la fenêtre invisible de mon corps qui traverse ton corps, et chercher un autre chemin, sans porte ni chien, un chemin où escorter le monde entier dressée sur ta poitrine qui est plus que le vin,

car le septième jour, sept nations de femmes descendent du ciel voilé de tes yeux,

le septième jour, sept nations de femmes ont allumé les sept feux de ton corps,

le septième jour [ad libitum]