pour un lendemain
de sentes et d'oliviers,
nous nous ferons braconniers
de la pensée
(les politiques seront nos pièges)
apprendre à creuser le vers
par la fenêtre, ——————
le couvrir d'air
pour en nourrir le feu
(demain n'est pas un à venir :
il est
le resurgis hors de
l'advenu)
la vertu de la parole
n'est pas
de mésestimer sa peur,
ni moins de l'oublier,
de la craindre
jamais
(enfouir la fenêtre dans le trou réservé à la mémoire)
refuser, bien sûr ——————
contre les bourreaux,
le contre-courant du silence
et la cruauté en archipel
seule, et par nature,
la poésie tient lieu et place,
pas d'avant-garde ——————
juste des gardes rapprochées,
en avant des choses
(parfois simultanée)
pour se rendre au silence
alliés du feu,
connus dans les îles fracturées
du silence
il faut aiguiser la flèche
comme fut aiguisée la parole
pour y loger la cible
et briser la lampe
(mieux vaut parfois cheminer dans le noir)
l'oblique n'a guère d'autres
perspectives que
la froide tumeur nichée
dans la révolte
(penser aussi à éclairer la colère d'autrui)
puisque le refus
ne rebrousse pas le chemin
(il le dresse)
gravir sera notre mot d'ordre,
notre bascule
l'amitié avant les comptes-rendus
(là où la masse s'effrite,
nous regagnons les terrains vagues)
convaincus,
nous sommes d'avis
de rester fauves
et de débarrasser le centre
déterminés,
nous n'hésiterons pas
à lui fabriquer des retraites,
des puits sans eau
pour la parole
la paroi n'est jamais
trop lisse
pour qui veut escalader
les sommets de l'infamie
en pointillé,
la volonté ne se sait pas
d'autres adversaires
que son au-bord
(sans même une ombre
pour se faire entendre)
se révolter
est une affaire sourde
et violente, ——————
une affaire de sol
et de soleil, de puits
et de labyrinthes
où le parti pris
encourt le contre-sens,
l'irrégulier
nous allons emmurer
les pelles,
et construire à main nue
des prisons sans murs,
et sans serrures ——————
pour nous prévenir
de nos défauts
de mémoire
(dénouer l'instant à la faveur de l'arrière-pensée)
élire domicile
dans la contrainte,
nous ne l'avons pas choisi ——————
(ce qu'il faut se garder, extirper de l'oubli)
les pas feutrés du mensonge
sont le vacarme arrière
des sinueux ——————
ceux qui marchent sans chemin
ni besace
hors du chemin,
le combat n'échoue
nulle part ——————
il montre l'altération,
l'impensé silencieux,
l'algèbre
(ce n'est jamais qu'hors de soi qu'il se détourne)
contrecarrer le poids
par le mouvement
ce serait agiter une langue
ankylosée,
usée
(aux deux,
donner la préférence :
affermir le poids
dans le mouvement
et réciproquement)
passer outre
la liste non-exhaustive
des mesures de fermeté,
se contenter d'une presqu'île
dessinée avec la paume,
y établir le contour ——————
la dernière raison d'être
se niche au plus profond,
en dissonance
avec ce qui fit de nous
des brutes
poème dans le feu
puisque renversé
à sa propre frontière ———————
au centre malgré tout
comme l'eau avait fait
mouvement
main prise dans la racine
qui s'imprime
qui se creuse
autour de la feuille ———————
à cette main,
il lui manquait encore
la langue
au terme de ce cheminement ———————
matière de l'air,
pour civiliser
quand l'humanité,
de son horizon nucléaire,
traversée, ———————
n'eut de cesse de viser
sa propre cécité
(désormais aveugle, ne t'en vas pas
aux suppliques ———————
que
tu n'y succombes,
rappelle-toi que tu peux
te mettre au profit
de toi même)
sol qui se dérobe (au sol)
mieux bâti que la maison
(elle penche ——————— de son
inclinaison bienvenue)
tarir avec le corps
la politique asservie
de notre parole
la retirer du centre
pour la poser
sur l'au bord
évidence n'est déjà plus qu'en son autre versant
——————— oubli)
pour le contentement
après le détour
comme arbre sous la neige ———————
sois paysage à ta portée,
un lieu-dit
pour combattre,
nous avons l'instinct
insuffisant
car dénué de pratique,
si proche de ce mot
le désir
(détournement)
parler à l'écart
avec l'autre nom de la matière,
ou faire front,
faire acte ———————
fendre dans la pierre sa maison
au regard de l'arbre,
c'est par la pensée que nous allons,
que le corps vient ———————
qu'il s'adresse
en d'autres mots,
qu'il danse
(l'eau qui a été troublée entre en résistance)
il faudrait
dire quelque chose
de l'animalité
si seulement ce ne fusse qu'incertain
(voire éventuel)
arrondir chaque mouvement
que circule ———————
l'inattendu désordre des choses
et
ne plus prendre en défaut
l'infatigable travail de notre saison
(il nous faudra bientôt apprendre à mieux rescusiter)
s'il n'en tenait qu'à l'eau,
elle se ferait miroir
à jamais
ou peut-être
l'élan du regard
(ainsi elle danse ——————— nous dirions qu'elle pense)
au terme irrésolu du chemin,
il y a le vase ébréché,
le presque clos
continuation du verbe être
faisons de la roue et de la corde nos enseignements
refaire le lit nuptial,
et ne l'ouvrir qu'au désaccord
l'espoir n'est pas de notre secours,
il ne nous augmente plus,
ne dirige rien
à ceux qui, comme nous,
ne pensent le confort
qu'à l'ombre ténue
des amandiers
(à midi, s'asseoir dans la mobilité de la pensée)
la poésie,
quand elle s'écrit
(et toute parole est une écriture)
est l'en-dehors du texte
au plus profond de lui-même,
dans le dense
la révolte agit de même
(au plus proche de l'être)
le métier d'apprendre se fait
dans l'envers, dans le fil et
dans le mur
avec l'inaudible et
l'imprévu
au voisinage de la mort,
toujours ——————
la pente, sans cesse, mène
vers l'élargis ——————
là où il faut creuser
l'insurgé,
non celui qui instruit,
est un compagnon
pour le soir
un en deçà de la sagesse, ——————
qui se penche
vers elle
égrener le rosaire du lieu commun,
le jeter dans la source ——————
distiller l'eau en à-propos
pour en faire une transparence
et briser le clos du savoir
pour propager,
l'air est encore le meilleur outil
comme l'encordé
travaille à corrompre
le noeud qui le lie
à lui-même
(il se détache)
l'aveugle
s'attache à renverser
la vue d'autrui
(il le resserre)
aller s'étendre
n'est pas de notre ressort
(dans l'étente s'efface l'erreur)
debout,
nous sommes chancelants
dans la marche,
sur nos pieds ——————
la langue en recul
et la perméabilité de l'eau ——————
à la disposition de l'inaudible
devient amer
la parole qui se tourne
vers soi
il sera toujours bienvenu
de se répéter,
jusqu'à son terme ——————
d'ouvrir une porte d'entrée
à travers laquelle sortiraient
les oubliés
l'origine
ne prend sa raison d'être
que vers la fin ——————
pour cultiver, pour bâtir,
la troubler est de notre devoir
(le nécessaire exil est une demeure sans fondation)
au passant,
offrir la mie
s'il s'établit,
lui apprendre à faire
son pain
(et ainsi de suite)
décimer l'eau,
l'empierrer ——————
tourner l'angle vers l'angle,
réitérer la manoeuvre,
s'en aller
(chaque jour s'alourdit la peine)
(démolir le refuge)
au bas du silence,
un déversoir, une construction
en aparté,
la cime au ras du sol,
notre maison
(contredite)
sur le toit de l'être,
l'en-dessous pèse
(asymétriques, nous devenons)
si tu cherches à habiter
le nécessaire, l'inclus
converser avec le silence,
apprendre le langage des feuilles
est l'unique mouvement
que je connais
près du silence,
la lumière penche
pour ne plus étrécir,
étendre la main et
s'en accomoder
suffit ——————
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